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Ces vies dont nous sommes faits

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Epilogue

Toutes ces vies vécues « ici et maintenant » et auparavant, enfin réconciliées, m’ont fait ce que je suis aujourd’hui.

Devenir soi n’est pas une mince affaire. Cela demande du courage, ou plus précisément... de l’inconscience ! Explorer les tréfonds de sa personnalité, naviguer avec une bien frêle embarcation sur ces vastes océans obscurs, quitter un instant le monde des vivants pour passer de l’autre côté du miroir — tout cela est à haut risque. Il est indispensable de s’entourer de solides amitiés qui vous préviendront quand votre embarcation prendra l’eau et que vous serez sur le point de sombrer. Il faudra alors bien les écouter !

Devenir soi, avec le recul, laisse un curieux sentiment. On serait tenté de dire « Tout ça pour ça ! ». Mais on était si mal avant ce voyage dans l’inconscient ! C’est un peu comme avec la maladie. On souffre terriblement, on se soigne, on combat avec vigueur chaque jour le mal, on guérit enfin, et alors tout paraît normal, naturel. Et l’on reprend sa vie comme si de rien n’était. On oublie même parfois les souffrances d’avant.

Devenir soi, ce n’est pas devenir un autre, c’est simplement guérir, extirper de sa vie tout ce qui, justement, n’était pas soi. Toutes ces énergies négatives venues des vies antérieures, tous ces éléments de la vie actuelle dans lesquels on ne se reconnaît pas.

Devenir soi, c’est aller vers sa destinée, c’est suivre son tao. Pourquoi est-ce si difficile ? Si périlleux ? Si incertain ? Si peu naturel ? Qui nous pousse tout à coup, un beau jour, à livrer cette bataille du soi ?

Aujourd’hui, tout est devenu plus calme dans ma vie, après dix années d’une incroyable aventure à rebondissements. Tant mieux ! La traversée mouvementée de la rivière est terminée, et une vie tranquille peut commencer sur l’autre rive...

Dans La Partition de Morgenstein, Gustave Leforestier attend de très nombreuses années avant de révéler dans quelles étranges circonstances il a composé son requiem. C’est sa rencontre avec l’écrivain André Néry-Malène, à Monaco, qui le décide à raconter son aventure. Une fois encore j’ai suivi cette « partition » à la note près. En ce mois de mai, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, il me semble que le moment est venu d’abattre le mur qui me sépare de mon passé et de raconter en détail ces dix années d’exploration de mon inconscient.

Derrière cette entreprise dont je mesure les risques, c’est bien évidemment la quête d’une nouvelle totalité, d’une réconciliation entre ma vie d’avant et ma vie présente, d’une plénitude, d’une sérénité, qui est en jeu. Les opposés ont cessé de s’affronter en moi. Ils ont raccroché leurs gants, comme Gustave Leforestier, à la fin du roman, rend le gant qui fut le point de départ de toute son aventure.

La jonction est désormais accomplie entre ce roman et ma vie réelle. Mais le mystère demeure entier…

FIN




© Christian Julia. 2021-2021.
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