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Noues et l’énergie

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Les Soutiens de l’association

L’association « DPF » bénéficie d’un soutien total de la mairie de Villiers-sur-Marne et notamment de la Direction Médiation, Prévention. Mais pas seulement, elle est également soutenue financièrement et concrètement par un partenaire privé, la compagnie suisse d’électricité Primeo Energie pour qui l’engagement écologique de l’association en matière de maîtrise énergétique constitue une mise en œuvre concrète des objectifs de l’entreprise.

La mairie

On l’a vu, la mairie soutient pleinement l’association « DPF » depuis son démarrage. L’objectif de l’association de favoriser l’insertion de jeunes aux profils très différents, parfois problématiques, et de les former aux questions environnementales pour en faire des ambassadeurs de la question auprès des populations des quartiers, a tout de suite séduit les responsables de la mairie, qu’il s’agisse du maire, en premier lieu, mais aussi de tous les services concernés. Ce n’est pas tout à fait une surprise car cette sensibilité à l’écologie ne date pas d’aujourd’hui. La ville est engagée depuis 1995 dans un processus de maîtrise énergétique qui touche de nombreux aspects de la vie municipale.

Personne n’est mieux placé, à la mairie de Villiers-sur-Marne, que le maire adjoint délégué à « la Transition énergétique et écologique, au cadre de vie, au patrimoine, aux travaux et au développement durable », Jean-Philippe Bégat, pour nous éclairer sur la politique de la ville en matière de maîtrise énergétique.

Il a reçu cette délégation dès 1995, quand le maire actuel, Jacques-Alain Bénisti, a été élu pour la première fois. À l’époque, elle était en fait une « simple » délégation aux travaux.

À peine nommé, Jean-Philippe Bégat a commencé par faire un inventaire du patrimoine immobilier de la ville.

On a classé les bâtiments en fonction de leur état de santé et d’une analyse multi-critères qui nous a conduits soit à céder certains bâtiments, à en démolir d’autres, à en entretenir certains et aussi bien sûr à regrouper des services dans un même bâtiment. L’objectif était simple : avoir une maîtrise des coûts, des coûts énergétiques, d’entretien, de nettoyage. On a fait de gros progrès, puisqu’en l’espace d’une dizaine d’années, on a réussi à réduire nos coûts énergétiques de l’ordre de 20%.

Après on a travaillé sur le comportemental. On a procédé à une analyse des besoins et on a créé des référents, ou des ambassadeurs, d’efficacité énergétique au sein de nos personnels.

Jean-Philippe Bégat cite le cas des vestiaires de gymnase. Quand le gymnase est inoccupé, le chauffage fonctionne toujours à fond. Autre exemple : le bâtiment de l’Escale. Même avec des régulations automatiques, il a constaté qu’il y avait des gens qui venaient avec des radiateurs électriques, et d’autres qui partaient en week-end sans baisser leur chauffage.

Donc, il y a eu une meilleure surveillance, voire une meilleure pédagogie, auprès des agents pour arriver à faire changer les mentalités. Au début, quelque chose de simple, on a créé des petites affichettes qu’on mettait dans les locaux, à disposition ou accrochées sur les murs, avec les économies possibles sur les différents sujets comme l’électricité, l’eau, l’éclairage, etc. Mais ça ne suffisait pas non plus, donc on a embauché un ingénieur énergéticien qui avait une double mission. D’abord analyser les coûts énergétiques. Il nous fournissait un rapport tous les mois et au quotidien qui permettait de voir si les dépenses et les consommations n’étaient pas exorbitantes.

Sa deuxième mission était d’accompagner un certain nombre d’agents qui voulaient bien être ambassadeurs et se charger dans leurs bâtiments de faire appliquer les règles élaborées à la fois par cet ingénieur énergéticien et une équipe de direction, des gens qui pouvaient relayer les bonnes pratiques.

On peut se demander comment ces « ambassadeurs » ont été accueillis par les occupants des locaux ainsi « surveillés » !

Le choix des intervenants était fait sur la base du volontariat. Dans le personnel vous avez des gens qui sont sensibles, effectivement, au développement durable, à l’économie d’énergie. On a pu identifier une quinzaine de personnes qui pouvaient s’occuper de cela. Après, effectivement, il faut faire passer les messages auprès des personnes qui occupent les bâtiments. Il faut reconnaître que ce n’est pas toujours facile. C’est un travail de longue haleine. On leur dit « Faites comme chez vous ». En général, chez eux, ils font attention aux dépenses d’électricité, d’eau, etc.

Il m’est arrivé d’aller dans des réunions dans certains bâtiments, les employés allument le chauffage électrique… C’est hyper-chauffé. Mais, petit à petit, on arrive quand même à avoir des comportements mieux orientés sur l’écologie.

Sur la façon de communiquer, des formations ont été organisées pour le personnel encadrant et ensuite pour le personnel qui vit dans les bâtiments. On a fait des réunions de sensibilisation. Notamment animées par la Direction, parce qu’il faut que toute la chaîne de commandement soit impliquée. On a fait des sessions, parfois d’une demi-journée, pour sensibiliser effectivement les personnels.

Si la mairie peut agir sur la consommation énergétique dans les bâtiments municipaux, comment peut-elle influer sur les logements qui relèvent du domaine privé, par exemple dans les pavillons qui représente plus de 32% des habitations de la commune.

Pour les particuliers on utilise un dispositif qui s’appelle l’ALEC, l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat. C’est une structure associative. Elle est nationale. On leur prête des locaux et ils viennent faire des permanences une fois par mois. Ou une fois tous les deux mois. Les propriétaires peuvent s’inscrire, s’ils ont des questions à propos de leur pavillon, par exemple. Il faut être conscient que les gens sont assaillis de sociétés qui leur proposent des tas de choses, qui leur disent : « Ne vous inquiétez pas, je m’occupe de tout, on va maîtriser votre consommation, vous n’aurez rien à payer ! » et les gens ne sont pas forcément rassurés. Mais avec l’Agence, ils prennent rendez-vous et ils sont conseillés par un ingénieur de l’ALEC.

Et puis la ville a fait des séances d’information pour les gens au travers de manifestations, comme le Salon du développement durable qui a lieu tous les ans et où l’on parle d’économie d’énergie, des bons gestes, etc.

En revanche, pour les bailleurs sociaux, pour le parc locatif privé, l’approche est bien sûr différente.

Dans le patrimoine social, jusque-là, on considérait que les bailleurs étaient à même d’avoir leur propre service compétent. Paris Habitat, par exemple, est susceptible de former ou d’informer les locataires. Ils mettent des affiches dans les cages d’escalier. Ils réalisent aussi des sessions d’information.

Notre rôle, pour les bailleurs, se situe plus en amont, en travaillant sur le coût de l’énergie qui est distribuée dans les bâtiments des bailleurs. On est d’ailleurs en train de mettre en place un programme de géothermie. On en est au stade de l’autorisation de réaliser des puits de forage. Cette technique permet de fournir de l’énergie moins chère. Et de baisser de 15 à 20% les coûts énergétiques pour les occupants.

La maîtrise énergétique passe aussi par l’éclairage public, gros consommateur d’électricité.

On travaille aujourd’hui à la mise en place d’un MPE, un Marché de Performance Energétique, qui va être intégré dans les marchés qu’on va passer l’année prochaine. Le patrimoine immobilier de Villiers est plutôt vieillissant, donc il est très coûteux en gestion et dans ce domaine, soit on change les gamelles, soit on change les luminaires complets mais c’est très long. On a plus de 1 500 à 2 000 points lumineux sur la commune. Donc c’est très lourd.

Mais la mission de la délégation de Jean-Philippe Bégat ne se limite par à l’énergie, elle concerne aussi l’amélioration du cadre de vie, un aspect important de l’écologie moderne.

J’ai un plan important de voirie qui est en route, avec les espaces verts bien sûr et puis l’attractivité, le cadre de vie, l’enfouissement. Mais là c’est difficile de faire aboutir avec certains prestataires.

Veiller à l’amélioration du cadre de vie, c’est aussi s’assurer que les trottoirs sont d’une bonne largeur, car les promoteurs ont tendance à présenter des projets où les immeubles arrivent au ras de la chaussée. La délégation regarde maintenant de près les propositions pour que les déplacements sur les trottoirs soit agréables. À cela s’ajoute bien sûr la création de pistes cyclables.

On a mis en place un projet sur trois ans et demi, quatre ans, avec un certain nombre de voies et d’aménagements soit des pistes cyclables, quand on peut le faire, soit recyclables ou de voies partagées. On doit faire avec le dimensionnement de nos trottoirs. On va attaquer la deuxième phase.

Cela va se mettre en place petit à petit. On change aussi les plans de circulation. Certaines voix qui étaient en double sens, passent en sens unique. On essaie de créer des parcours qui soient les plus judicieux, les plus utilisés, en partant des quartiers et en desservant les gares, les écoles, le futur Grand Paris Express et les gymnases. On s’assure de bonnes liaisons avec les villes voisines. Ce plan vélo a une bonne mobilisation et de bonnes subventions notamment de la part de la Région et de la Métropole. Dans trois ou quatre ans, ce sera terminé.

Le cadre de vie, c’est aussi faciliter la vie aux personnes à mobilité réduite et aux personnes malvoyantes ou non-voyantes.

Soit l’on rénove comme le nouveau musée Emile Jean, inauguré récemment, soit on introduit une meilleure accessibilité dans les écoles, par exemple selon un Agenda d’Accessibilité Programmée, Ad’AP, qui consiste à définir un programme pluriannuel qui est transmis en préfecture. On le réalise ensuite année par année. Sur les voiries, dès qu’on fait une réfection, on refait les passages. Même chose pour les non-voyants ou malvoyants : on crée des bandes au sol. On en installe pour plusieurs dizaines de milliers d’euros chaque année. On est plutôt bons de ce côté-là.

Jean-Philippe Bégat est déjà intervenu à plusieurs reprises dans les ateliers menés par l’association « DPF ».

Je mets à disposition les services de la ville pour l’aider, bien sûr, parce que ce qu’elle fait est une mission importante auprès des locataires. L’ingénieur thermicien peut intervenir au besoin pour animer des ateliers.

Primeo Energie

En juillet dernier, le site Internet de la société Primeo Energie publie un article intitulé « Primeo Energie et l’association DPF s’allient pour lutter contre la précarité énergétique à Villiers-sur-Marne » [1]. Dans cet article on peut lire notamment :

”Primeo Energie est fier d’annoncer son partenariat avec l’association DPF pour la mise en place d’un parcours d’insertion axé sur la maîtrise énergétique et les éco-gestes dans les quartiers prioritaires de Villiers-sur-Marne”.

Et plus loin :

”Chez Primeo Energie, nous sommes convaincus de l’importance de soutenir des initiatives locales qui favorisent la transition énergétique et l’autonomie des habitants. Notre partenariat avec l’association DPF illustre notre engagement envers une énergie durable et accessible à tous”.

Mais qui est Primeo Energie ? Pour le savoir, nous avons posé la question à son président-directeur général, Cédric Christmann, qui a pris ses fonctions en avril 2023 après avoir occupé le poste de directeur général :

Primeo Energie est une coopérative créée en Suisse en 1897 et qui a traversé la frontière en 1906. Cette coopérative appartient pour 90% à des sociétaires établis en Suisse dans deux cantons situés dans le nord-ouest : le canton de Belle campagne et le canton de Soleure ; et pour 10% des coopérateurs français installés le long de la frontière suisse dans près de onze villages et une grande ville.

Cette coopérative est active sur quatre segments. Le premier, ce sont les réseaux électriques qui sont à l’origine de la société. Elle a été créée par un ingénieur convaincu dès 1897 que l’électricité allait jouer un rôle important à l’avenir. Elle est également présente sur la distribution d’électricité, les réseaux de chaleur décarbonée et bien sûr la production électrique. La production électrique est majoritairement verte. Et notre objectif est d’être neutre en carbone à partir de 2040, non seulement de produire de la chaleur décarbonée, mais d’être nous-mêmes hors carbone à cette date.

On est présents dans plusieurs pays : historiquement la Suisse et la France dans les quatre segments que j’ai indiqués ; et pour le renouvelable on est présents dans d’autres pays : la Norvège, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Le chiffre d’affaires se montait à deux milliards l’année dernière. Le volume a été impacté par l’augmentation des prix et une gestion des finances en bon père de famille. Parce que la coopérative elle-même n’a pas de capital. Tout ce qu’on gagne, on ne le reverse pas, ça reste dans la société.

Cédric Christmann travaille depuis près de vingt ans dans Primeo Energie. Il a commencé comme directeur financier en 2005. Il a poursuivi sa carrière dans le renouvelable et en 2016, il a pris la responsabilité de la partie fourniture d’énergie.

Nous avons des valeurs de coopérateurs, nous sommes proches de nos clients, proches de nos sociétaires, proches de nos partenaires. On a une vision à extrêmement long terme de nos relations.

Depuis qu’il a pris les rênes de la société l’année dernière, il a naturellement amplifié cette approche sociétale de son groupe.

Nous essayons d’être au plus juste dans l’établissement de nos prix. Quand il y a eu le covid, au lieu de réduire nos investissements, au contraire, nous les avons augmentés pour soutenir les artisans qui travaillaient sur les infrastructures, pour leur donner du volume d’affaires supplémentaire. Quand il y a eu la crise énergétique récemment, on a investi beaucoup d’argent pour maintenir nos tarifs et lutter contre l’explosion des prix, notamment pour les artisans qui avaient du mal à joindre les deux bouts. On a mis en place des facilités pour étaler les paiements sur plusieurs mois, voire même plusieurs années. Ces valeurs-là sont des valeurs importantes pour moi.

L’électricité, selon Cédric Christmann, sera l’énergie du XXIè siècle. Sa société développe donc le renouvelable. Les besoins en énergie électrique vont augmenter considérablement dans les prochaines années. Les processus industriels s’électrifient de plus en plus, tout comme les moyens de transport. Avec la fin de l’énergie fossile, la demande d’électricité décarbonée va être de plus en plus importante et va nécessiter des investissements considérables.

L’énergie nucléaire n’est pas considérée comme « verte », mais elle est décarbonée, et Primeo Energie, en plus des barrages et des éoliennes, utilise aussi l’électricité produite par les centrales nucléaires. Ainsi l’électricité qu’elle fournit en France provient à 80% de ses centrales.

Pour nous, l’avenir s’appuiera sur des petites centrales qui seront mieux acceptées par les populations, au plus près des usages, plutôt que loin des usages. Ce que l’on pousse très fort, c’est de rapprocher la production de la consommation. Ça fonctionne très bien avec le photovoltaïque, mais c’est moins accepté avec l’éolien. Pour l’hydraulique, on est contraint par l’hydraulicité des paysages. Il n’y a pas partout de l’eau…

Là où on veut surtout décarboner c’est dans la production de chaleur. On fait encore appel au gaz ou au fioul. Pour 80%, c’est de la biomasse, du bois, des pompes à chaleur ou de la chaleur fatale où l’on récupère des fumées, des calories produites par les industriels. Il paraît aberrant que l’on envoie de la fumée aux oiseaux plutôt que de la récupérer pour faire de la chaleur !

Et dans ce cadre-là on fait beaucoup sur l’efficacité énergétique. Pour la bonne raison que l’énergie la moins chère c’est celle qui n’est pas produite donc pas consommée !

On est en train de passer d’un ancien monde à un nouveau monde. Les attentes des consommateurs sont très fortes, qu’il s’agisse des industriels ou des particuliers.

Il faut produire de l’énergie, pas cher, tout le temps disponible et décarbonée ! Ce triangle n’est pas évident à remplir. Disponibilité, prix et neutralité en CO2. Et ça c’est extrêmement compliqué. Mais je suis persuadé qu’on va y arriver. Cela prendra peut-être un peu plus de tant que prévu. Techniquement c’est faisable. Après c’est une question de moyens. Est-ce qu’on arrivera à le faire aussi rapidement que prévu ?

La question est d’autant plus délicate que l’électricité est une énergie bien particulière, elle ne se stocke pas, ou en très petite quantité, dans les batteries de nos téléphones et maintenant dans celles de nos voitures. Il faut donc trouver des astuces pour satisfaire les consommateurs malgré les variations.

Il faut pouvoir rapidement répondre aux besoins du réseau parce que le réseau est extrêmement fragile, c’est-à-dire que si on le déséquilibre de 2 à 3%, il se déséquilibre complètement. Il faut pouvoir sortir de la puissance électrique en fonction par exemple du temps, de la température, des besoins, que ce soit des industries ou des particuliers. C’est un système qui est extrêmement interconnecté en Europe. La plaque Europe est la plus intégrée au monde. Cet espace nous aide pour la stabilité des prix et pour la disponibilité en quantité suffisante d’électricité. Mais ça demande aussi aujourd’hui une coordination importante. Le grand sujet, c’est le stockage saisonnier : comment je peux amener en hiver l’énergie produite en été, parce qu’on consomme plus d’énergie en hiver qu’en été. C’est une grande interrogation ! On essaye, on tâtonne. Une possibilité c’est de passer par l’hydraulique, de pomper de l’eau dans les barrages l’été pour avoir de l’eau à disposition l’hiver. Une autre possibilité c’est de transformer l’électricité en d’autres choses, d’autres molécules. Par exemple ça peut être de l’hydrogène qu’on peut stocker. Je peux par exemple utiliser l’hydrogène vert pour électrifier en hiver ou alors faire de l’eau chaude, produire de l’eau chaude avec une simple résistance et la stocker en très grande quantité pour pouvoir récupérer ces calories en hiver pour alimenter le réseau de chauffage… Cela demande de l’électricité, bien sûr, mais il faut beaucoup plus énergie pour passer de 0 à 25° que de 25 à 30°. On a un surplus de production l’été avec le photovoltaïque, on peut utiliser ce surplus d’énergie pour chauffer l’eau.

La question de la production d’électricité qui doit à terme plus ou moins proche remplacer les énergies fossiles, pose donc de nombreux problèmes. À cela s’ajoute pour l’Europe une autre difficulté : elle n’est pas autonome. Les éléments photovoltaïques et les batteries, notamment pour voitures, sont fabriqués en Chine ou en Corée du Sud.

On a pris un tel retard pendant le covid que c’est difficile de penser qu’on va arriver à le combler. Sur les terres rares [2] c’est un peu pareil. On risque de vivre à peu près la même chose sur l’éolien. Est-ce qu’on ne s’engage pas vis-à-vis de ces pays dans une autre dépendance alors qu’on cherche à sortir de notre dépendance au pétrole… C’est la grande question…

Société d’origine suisse, comme on l’a dit, déjà implantée en France sur quelques sites le long de la frontière, Primeo Energie a noué un partenariat avec la ville de Strasbourg sur la chaleur.

On est présents en Alsace pour la production de calories et de chaleur. On va continuer à développer cette activité sur d’autres régions en France. Pour la production d’énergie renouvelable nous sommes partout en France. On est opérateur d’éoliennes, de photovoltaïques, d’hydraulique dans la plupart des massifs montagneux français. Nous avons aussi une implantation à Paris. On livre de l’électricité à des industriels et aussi depuis quelques mois aux particuliers, même si c’est encore timide. Pour les industriels, nous sommes le cinquième opérateur en France. On vend de l’électricité aux industriels, aux villes, dans le tertiaire, et aussi dans le primaire à des coopératives agricoles.

Si Primeo Energie s’intéresse aux professionnels et aux particuliers propriétaires de leur pavillon ou de leur appartement, comment intervient-elle quand il s’agit, comme dans le cas du quartier des Hautes Noues, de bailleurs sociaux privés ?

Il faut distinguer deux notions : l’efficacité énergétique et l’efficience énergétique. L’efficacité énergétique : j’ai besoin de moins d’entrant pour produire la même capacité d’énergie. Par exemple j’ai besoin de deux fois moins d’eau pour produire la même quantité d’électricité. Ça c’est l’efficacité énergétique. L’efficience énergétique c’est j’utilise moins d’énergie. La pire des choses qui puisse arriver, c’est la pauvreté énergétique. Je ne suis pas capable de payer ma facture. C’est ça qu’il faut qu’on évite. Pour nous, c’est extrêmement important de commencer à expérimenter là-dessus. On a réalisé des expérimentations en installant nos réseaux de chaleur avec des appartements témoins et des éco-gestes pour expliquer aux gens d’une manière très pragmatique comment moins consommer d’énergie. Il y a des comportements nouveaux à adopter, mais pas seulement. Remplacer un certain nombre de lampes. Isoler les fenêtres, lancer des programmes de rénovation. Isoler un toit c’est ce qu’il y a de plus simple. 80% de la chaleur passe par le toit. Il faut donc commencer par isoler le toit. Le but c’est de communiquer sur des choses très simples et pratiques pour aider les gens à maîtriser l’énergie et soutenir ceux qui ne sont pas en capacité de payer leur facture. Or si on transforme le système énergétique, il y aura un moment où, forcément, l’énergie coûtera plus cher. Donc il faut un système d’accompagnement pour les plus fragiles d’entre nous. C’est ça notre idée. On l’a fait en Suisse et on s’est dit : puisque on l’a fait avec des gens qui sont proches de nous pourquoi ne pas le faire à Villiers-sur-Marne ? On était déjà sponsor pour des combats de boxe pour les jeunes du quartier mais on s’est dit que notre ADN c’était quand même l’énergie, alors on a pensé qu’on pourrait faire des choses très concrètes dans les quartiers, des actions qui soient comprises par les gens. D’où notre investissement dans le quartier des Hautes Noues. C’est un début. Il faut qu’on réfléchisse pour aller encore plus loin dans ce domaine, pour essayer d’aider les gens qui vont en avoir besoin.

C’est ainsi que la société a lancé des initiatives dans la quartier des Hautes Noues en liaison avec le parcours d’insertion « DPF » de Mamou Soumaré. Il y a eu des distributions de lampes LED, moins consommatrices d’électricité et plus durables. Il y a eu aussi des distributions de prises multiples, tellement utiles pour ne pas laisser les appareils en veille ou les chargeurs de téléphone en marche.

Nous avons aussi animé des formations sur les éco-gestes. Il y a d’autres choses qu’on peut faire, par exemple comment chauffer de l’eau, comment éteindre les lumières quand on quitte une pièce. Ce sont des choses qui sont extrêmement importantes. Tout ça, on est en train de le mettre en place. Nous avons un site marchand où l’on propose toutes ces astuces utiles pour diminuer la consommation d’énergie. On va le mettre en place en France dans les mois qui viennent, ça va peut-être prendre encore un an mais c’est important pour nous. Ça me tient à cœur.

Malgré tout, les factures s’alourdissent et la baisse de la consommation est parfois contrebalancée par la hausse du prix de l’électricité. Comment une société comme Primeo Energie peut répondre à cette situation ?

Je sens bien que pour l’instant c’est l’aspect financier qui motive plus les gens que l’aspect écologique. Il est essentiel pour nous que nos actions permettent de diminuer le coût de l’électricité. C’est la première chose qu’il faut qu’on fasse. C’est un problème économique. Si ce problème économique est résolu, si, en plus, on arrive à protéger l’environnement, les habitants de ce quartier, qui est fragile, qui se fragilise à vue d’œil, comprendront. Mais sur le problème économique, je pense qu’on a encore des progrès à faire. Suivre les gens, suivre la facture d’électricité, voir comment on peut la faire baisser, faire un suivi budgétaire pour que les gens voient que leurs actions ont un effet sur la facture, sans que cela ait un trop gros impact sur leur qualité de vie.

Effectivement, il est important que les efforts demandés ne soient pas perçus comme une « punition ».

C’est ça le problème de l’écologie en général. Il faut que ce soit porteur d’espoir et justement pas privatif. Si l’on prive les gens de quelque chose, on sait que ça ne marchera pas. On y travaille. On n’y est pas encore. On va y arriver. Il faut bien commencer…

Il faut reconnaître que l’Association « DPF » a eu beaucoup de chance de nouer un partenariat avec une société qui se préoccupe autant des enjeux sociaux de l’énergie et qui s’investit dans un accompagnement des plus faibles. Certes, tous les fournisseurs d’électricité cherchent à véhiculer une image bienveillante à travers de beaux discours, mais peu semblent avoir un niveau de sincérité comparable à celui de Primeo Energie ! Il est réconfortant de voir qu’une importante société du secteur pense d’abord à ses clients là où d’autres se préoccupent surtout de leurs actionnaires et dissimulent leurs véritables intentions derrière un discours social qui ne trompe personne.

Ce soutien actif d’acteurs aussi importants est très stimulant pour l’association. Encore faut-il qu’il y ait sur le terrain des « petits soldats » pour relayer la bonne parole au plus près des populations concernées, dans le quartier des Hautes Noues et ailleurs. Ces « petits soldats », ce sont les volontaires du service civique recrutés par l’association « DPF » et nous allons maintenant nous intéresser à eux.


[2Un des composants des batteries.





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