Décors
L’action se déroule au centre de Clairefontaine. C’est un immense parc avec un château, des locaux communs (foyer, cafétéria), des bâtiments d’hébergement, une infirmerie et bien sûr des terrains, des vestiaires, des salles de musculation, etc…
Personnages
Dans la fiction, ce centre est dirigé par M. Fontanel et administré par Léa Saron (Nathalie Mann).
Les six joueurs sont :
Richard (Philippe Durand), Tireur, le plus prometteur
Olivier (Laurent Bateau), Goal, capitaine de l’équipe
Luis (Frédéric Diefenthal), le fils d’immigré
Keita (Edouard Montoute), Le Malien fou de musique
Bruno (Jean-Marie Rollin), L’amoureux de Virginie, la sœur de Richard
Janvier (Ludovic Van Der Vorm), Le « fils à papa » antipathique
Ils sont entraînés par Marc Duroy (Jacques Bouanich). Virginie (Vanessa Lhoste), la sœur de Richard, est infirmière dans l’infirmerie du centre tenue par Doc (Jean-Michel Dagory).
SCENE 1
VESTIAIRES - INT-JOUR
LUIS-LÉA
LUIS, seul dans le vestiaire, boutonne méthodiquement sa chemise. Soudain, il voit apparaître LÉA sur le pas de la porte. Etonnement. Il la regarde s’avancer vers lui. Elle s’approche et, très lentement, commence à déboutonner la chemise du garçon. Celui-ci ne bronche pas. Mélange de stupeur et d’excitation.
Vers les derniers boutons, on entend la voix off de LÉA :
VOIX OFF DE LÉA
Je ne l’ai pas fait exprès Je savais que je risquais le carton rouge. Jamais avec les mains Mais ça a été plus fort que moi Une si belle occasion
LÉA retire la chemise de LUIS et la fait glisser le long de son dos. LUIS se laisse faire. Il est maintenant torse nu et LÉA approche ses mains de la ceinture du garçon.
VOIX OFF DE LÉA
Je le savais... Les pieds... la poitrine... la tête... Tout mais pas les mains... Surtout pas les mains...
SCENE 2
CHAMBRE LUIS - INT-JOUR
LUIS-JANVIER-OLIVIER
C’est l’heure de la sieste. LUIS est tiré brusquement de son rêve par un ballon qu’il reçoit sur la tête et que lui a envoyé JANVIER.
LUIS
(Sursautant) Ça va pas !
JANVIER
(Crâne) Pardon, mon vieux ! Il m’a échappé !
LUIS
T’es lourd ! J’étais en train de faire un rêve super !
JANVIER
(Soudain très intéressé) Ah bon ? Une nana ?
LUIS
Pour qui tu me prends...? Une nana... ! Une femme, mon vieux !
JANVIER
(Incrédule) Arrête !
LUIS
Hé ! Comme j’te le dis ! Une VRAIE femme...
JANVIER
Non...! Et qu’est-ce que vous faisiez ?
LUIS
Devine !
JANVIER
Tu la draguais ?
LUIS
Tiens ! C’est ELLE qui me draguait.
JANVIER
Pas étonnant. Vous les Portos, vous êtes tous impuissants !
C’en est trop. LUIS se précipite sur JANVIER et l’écrase sur l’autre lit. Bagarre et insultes. JANVIER essaie de maintenir le ton de la plaisanterie mais LUIS ne rigole pas du tout.
JANVIER
Arrête, t’es fou ! On va se faire virer.
LUIS
J’en ai rien à faire !
JANVIER
(Tandis que la bagarre continue) Arrête ! Duroy va arriver !
LUIS
Tu sais ce que je lui dis à Duroy...?!
LUIS lui plaque le visage sur l’oreiller. JANVIER pousse un hurlement étouffé. A ce moment, OLIVIER entre dans la salle.
OLIVIER
Hé, les gars, ça vous gêne pas que je travaille ?
L’irruption d’OLIVIER met fin à la bagarre. LUIS se relève. JANVIER reste sur le lit.
JANVIER
(Geignant) Mon bras ! Il m’a bousillé mon bras !
OLIVIER
Vous feriez mieux de garder votre influx (pulse ?) pour dimanche.
JANVIER
C’est ce que j’arrête pas de lui dire !
OLIVIER n’en dit pas plus. Il referme la porte de la chambre. LUIS retourne dormir sur son lit. JANVIER se masse le bras. Comme LUIS lui tourne le dos, il en profite pour lui « lancer des sorts » ou le traiter de « con » en articulant la syllabe muette. Puis il ose :
JANVIER
T’es vraiment nul !
LUIS
Écrase !
JANVIER
Elle existe vraiment la femme de tes rêves ?
LUIS
Oui. Laisse-moi dormir !
JANVIER
(Soudain grave) J’la connais ?
LUIS
Ecrase, j’te dis !
SCENE 3
TERRAIN DE FOOT-ENTRAINEMENT - EXT-JOUR
LUIS-RICHARD-BRUNO-KEITA-OLIVIER-JANVIER-MARC-LÉA
Scène d’entraînement. Les joueurs courent avec le ballon entre des plots (« Constri-foot ») pour s’exercer aux dribbles et aux feintes. C’est au tour de RICHARD de passer tandis que les autres joueurs attendent.
MARC
Accélère un peu ! T’es pas en promenade !
RICHARD accélère un peu et heurte un des plots.
MARC
D’accord ! T’as deux yeux, non ? Alors, avec un tu regardes ton pied, avec l’autre tu regardes l’adversaire ! Allez, reprends !
RICHARD redresse le plot et repars. LÉA s’approche du terrain et assiste à l’entraînement. LUIS la regarde avec une attention « nouvelle ». Il a un petit sourire (« Si elle savait ! »). LÉA fait signe à MARC de s’approcher.
MARC
Allez, enchaînez !
Nous sommes près du groupe des joueurs qui attendent. MARC et LÉA discutent ensemble. MARC tourne son regard vers LUIS. Il comprend qu’il est question de lui...
RICHARD a terminé son parcours. Il s’approche de LUIS.
RICHARD
T’y vas ?...
LUIS
(Observant toujours Léa) Deux secondes... (Après un temps) Dis...
RICHARD
Oui...
LUIS
Qu’est-ce que tu ferais si tu étais amoureux d’une femme ?
RICHARD
Léa ?
LUIS
Ça va pas !
RICHARD
Ah bon... Parce que Léa, c’est prohibé... PRO-HI-BE..., si tu vois ce que je veux dire...
LUIS
(Intérieur) Oui, c’est sûr...
RICHARD
De toute façon, l’amour, à ta place, j’éviterais...
LUIS
Mais c’est pas ce que je te demande...!
RICHARD
Non, mais c’est ce que je te dis. T’oublie.
LUIS
Mais je peux pas. J’en rêve même la nuit.
RICHARD
C’est sûr qu’elle est pas mal, Léa...
LUIS
(Vraiment agacé)
Mais je te dis que c’est pas elle !
RICHARD
C’est qui alors ?
LUIS
(Après un temps) Tais-toi...!
MARC revient vers les joueurs. C’est BRUNO qui passe dans les « Constri-foot ».
MARC
Qu’est-ce que c’est que cette bande d’endormis ? Vous mangez trop à midi, les gars
BRUNO
(Qui s’arrête) J’ai rien mangé !
MARC
T’arrête pas !
MARC s’approche du groupe qui attend.
MARC
(Á Luis) Madame Saron veut te voir après l’entraînement.
LUIS
(Troublé) Moi ?
MARC
Y’a qu’un Luis, ici, non ? Ça suffit déjà...
LUIS
C’est pour quoi ?
MARC
(Á la cantonade en laissant Luis sans lui répondre) Allez, on accélère !
LUIS a comme un sourire sur les lèvres. RICHARD le remarque. Regard plein de sous-entendus. LUIS lui donne une bourrade.
SCENE 4
BUREAU DIRECTRICE - INT-JOUR
LUIS-LÉA
LÉA est assise à son bureau. Elle téléphone. On frappe à la porte. Elle pose sa main sur le combiné.
LÉA
Entrez !
LUIS entre dans le bureau. LÉA lui fait signe de s’asseoir. Les deux personnages se retrouvent face à face. LUIS est troublé, mais on ne sait pas si c’est par la présence de Léa ou par la perspective d’un problème.
Il l’écoute un instant parler puis revoit la scène du rêve où elle déboutonne sa chemise...
LÉA
(OFF, au téléphone) Je suis désolée (...) Je n’arrive pas à mettre la main dessus. J’ai fouillé partout (...) Oui, je sais, c’est rageant (...) J’ai dû glisser la chemise dans un autre dossier (...) Dès que je la retrouve, je vous rappelle.
LÉA raccroche. LUIS sort de sa rêverie.
LÉA
Bien. J’ai reçu un coup de fil de votre mère tout à l’heure. Au sujet de votre frère...
LUIS
Qu’est-ce qu’il a fait ?
LÉA
Eh bien...
LUIS
(Affranchi) Il a encore fait des blagues...
LÉA
Oui.
LUIS
Graves ?
LÉA
Il a... « emprunté » une voiture.
LUIS
(Comme rassuré) Ah...
LÉA
Ça n’a pas l’air de vous surprendre...
LUIS
Non. C’est un môme, il faut le tenir, sinon, il fait n’importe quoi. (Il râle) Et alors ?
LÉA
Votre mère a vu le juge. Il va être suivi par un éducateur.
LUIS
Lui ?... Un éducateur...! (Incrédule) Ah... Il va le rendre fou...!
LÉA sourit. Ce qui détend LUIS, mais il agite ses pieds nerveusement.
LÉA
Votre frère vous admire, je crois.
LUIS
(Sincère) Oui. Mais si je ne suis pas à côté de lui, ça sert à rien. Il faut l’avoir au bout de la laisse, tout le temps. Si on lâche...
Un temps.
LÉA
Bon. Voilà. Votre mère voulait que je vous prévienne...
LUIS
OK. (Un temps, comme s’il était surpris que la foudre ne lui soit pas tombée sur la tête), Sinon...?
LÉA
Sinon quoi ?
LUIS
(Faussement détendu) Tout va bien ?
LÉA
Tout va bien. Marc est content de vous. Je ne devrais pas vous le dire... (Il sourit) Vous avez beaucoup changé depuis que vous êtes arrivé.
LUIS
(Sincère) Ohé Je sais que j’ai un sale caractère...
LÉA
On peut se corriger, la preuve...
LUIS
Sûr !
Un temps.
LUIS
Ça fait chier pour mon frère...
LÉA
Ça s’arrangera.
LUIS
(En se levant) Hé !... Je peux pas être ici et là-bas...!
LÉA sourit. LUIS se dirige vers la sortie.
LÉA
A bientôt, Luis...
LÉA regarde sortir LUIS.
LUIS
Au revoir, madame.
Il s’apprête à sortir, mais LÉA le rappelle.
LÉA
Luis ?
LUIS
Oui ?
LÉA
J’ai peut-être été injuste, parfois... Vous n’étiez pas facile au début... Je suis sûre que vous allez faire une très belle carrière, que vous deviendrez un modèle pour tous les jeunes comme vous...
LUIS
Si on m’embrouille pas, ça ira...!
LÉA
(Amusée) Je vous aime bien... Allez... filez.
SCENE 5
CHAMBRE LUIS - INT-NUIT
LUIS-JANVIER
LUIS s’apprête à se coucher. Il tire la couverture de son lit. Il trouve une enveloppe. Il se coule dans les draps, et, pour ne pas être vu de JANVIER, prend un livre (ou une B.D.) et glisse l’enveloppe à l’intérieur. Il ouvre l’enveloppe et lit le mot à l’intérieur :
VOIX DE RICHARD
(off, ou plan de Richard sur fond noir)
« Une femme est l’amour, la gloire et l’espérance ;
Aux enfants qu’elle guide, à l’homme consolé,
Elle élève le cœur et calme la souffrance,
Comme un esprit des cieux sur la terre exilé. » [1]
Signé : RICHARD.
LUIS sourit, replie le mot et pose le livre. Il éteint la lumière et s’allonge. Il garde les yeux ouvert un instant, puis s’enfonce dans l’oreiller et s’endort.
SCENE 6
EXTERIEUR DIVERS (près cascade) - EXT-JOUR
LUIS-LÉA-MARC
MARC et LÉA pas très loin de la cascade. MARC finit de lire une lettre. Il la rend à LÉA.
MARC
C’est bien pour Luis...
LÉA
Oui. Je suis contente que ça tombe sur lui. Un match en équipe de France Junior, comme remplaçant, ça n’arrive pas tous les jours... C’est une chance que ça tombe sur son poste...
MARC
Le problème, c’est que le Luis, il a l’air d’avoir la tête ailleurs en ce moment... Ça m’étonnerait pas qu’il ait une petite mignonne là-dessous...
LÉA
Vous croyez ?
MARC
Je ne sais pas. Mais au moins trois fois par jour il va téléphoner à la cabine. C’est sûrement pas pour avoir l’horloge parlante !
LÉA
Ce serait dommage qu’il rate cette occasion. Vous ne croyez pas plutôt que c’est son frère qui le préoccupe ?
MARC
Son frère ?! Ah non...! Quand ils commencent à passer une heure devant leur glace, c’est pas pour leur famille...!
LÉA
Je vais lui parler...
SCENE 7
TERRAIN ENTRAINEMENT - EXT-JOUR
LUIS-JANVIER-RICHARD
LUIS exerce son jeu de tête à la potence. LÉA s’approche de lui. LUIS s’arrête, troublé.
LÉA
Vous avez des nouvelles de votre frère ?
LUIS
J’l’appelle de temps en temps... Pour qu’il casse pas trop les pieds à son éducateur...!
LÉA
Alors ?
LUIS
Il me dit qu’il est en train de le mater...
LÉA
C’est bien...
LUIS
Non, enfin... C’est mon frère qui est en train mater l’éducateur.
LÉA
Ah !
LUIS
Ah oui, il est comme ça, mon frère ! J’étais comme lui...
LÉA
Il sera comme vous...
LUIS
Ça ! (Un temps) Il a pas d’ambition. On a beau gueuler dessus, ça lui fait rien.
LÉA
Il ne faut pas que ça vous préoccupe trop...
LUIS
Oh, j’ai l’habitude.
LUIS se tait, regarde LÉA. Il montre la lettre qu’elle tient...
LUIS
Moi aussi, j’ai une lettre...
LÉA
Ah ?
LUIS sort un papier de sa poche.
LÉA
Qu’est-ce que c’est ?
LUIS
Un truc... Je vous le lis ?
LÉA
Oui.
LUIS
(Concerné)
« Une femme est l’amour, la gloire et l’espérance ;
Aux enfants qu’elle guide, à l’homme consolé,
Elle élève le cœur et calme la souffrance,
Comme un esprit des cieux sur la terre exilé »
LUIS replie son papier.
LÉA
C’est de vous ?
LUIS
(Surpris) Non ! C’est Richard… Enfin… c’est lui qui me l’a passé. C’est de Gérard de Nerval…
LÉA
Pour qui, ce poème ?
LUIS
Pour personne. C’est un poème… Comme ça… Et votre lettre, c’est quoi ?
LÉA
Elle vous concerne… C’est le recruteur de l’équipe de France junior. Il va venir dimanche. Il cherche un remplaçant pour leur prochaine rencontre contre l’équipe de... (à préciser).
LUIS
À mon poste ?
LÉA
Exact…
LUIS
Super !
LÉA
Vous savez ce que ça signifie…
LUIS
Oh, pas besoin de me faire un dessin…
LÉA
Si. Ça veut dire surtout que vous ne devez pas trop penser à la poésie… en ce moment. Vous comprenez ?
LUIS
(Après un silence) Oui… Oui, bien sûr…
En croisant les bras, LÉA laisse tomber sa lettre. LUIS se précipite pour les ramasser. Mais LÉA s’est baissée aussi et leurs visages se touchent presque. Ils se regardent. Puis LUIS casse le regard par un rire.
LUIS
On a failli se cogner…
LÉA
Un « coup de boule » !
LUIS
(Riant, en se redressant) Oui, c’est ça, un coup de boule. (À lui-même, entre ses dents) Les boules… !
LÉA le regarde soudain intriguée.
SCENE 8
SALLE MUSCULATION - INT-JOUR
LUIS-RICHARD-OLIVIER-JANVIER
LUIS entre dans la salle de musculation où RICHARD et OLIVIER s’entraînent.
RICHARD
Alors, mon vieux, c’est la gloire !
LUIS
Arrête !
OLIVIER
Tu vas devenir une star.
LUIS
Attends, c’est pas encore fait. Faut que le recruteur me voie sur le terrain.
OLIVIER
Tache de jouer avec tes pieds et pas avec tes poings !
RICHARD
T’as deux jours pour devenir civilisé…
LUIS
Provoque pas…
JANVIER entre en courant dans la salle. Il se dirige vers LUIS.
JANVIER
(Á Luis) Mon vieux, il y a dans MA chambre, une espèce de chose repoussante qui t’appartient. Si tu pouvais la virer, ça m’arrangerait.
LUIS
De quoi tu me parles, là… ?
JANVIER
Va voir… Va voir…
LUIS
Qu’est-ce que tu me fais comme plan… ?
JANVIER
Va voir, j’te dis… Ça va te plaire… ! Va…
LUIS, sans trop comprendre, quitte la salle…
RICHARD
(Á Janvier) Qu’est-ce qui se passe… ?
JANVIER
(Ravi) Il se passe que tout va bien…
OLIVIER
Tu peux pas être plus clair ?
JANVIER
(S’installant à un appareil) TOUT VA BIEN.
SCENE 9
CHAMBRE LUIS - INT-JOUR
LUIS-JOSÉ
LUIS ouvre la porte de sa chambre et tombe sur son frère, José. Il est assis sur son lit. C’est un garçon d’une quinzaine d’années, grand et maigre, les cheveux dans les yeux, la bouche arrogante.
LUIS
Qu’est-ce que tu fais là ?
JOSÉ
Rien !
LUIS
Mais t’es complètement fou ! J’vais me faire virer, moi. T’as rien à faire ici !
JOSÉ alors se lève et va prendre son frère dans ses bras. Ils se serrent l’un contre l’autre un moment sans rien dire. Puis LUIS écarte légèrement son frère.
LUIS
Tu peux pas rester ici. Et les parents ?
JOSÉ
J’leur ai rien dit…
LUIS
Et ton éducateur ?
JOSÉ ne dit rien. Les deux garçons se séparent. JOSÉ s’assied sur le lit et baisse la tête. LUIS tourne en rond dans la chambre.
LUIS
Ah, ça va être ma fête… ! Bon sang ! T’as vraiment choisi ton moment !
JOSÉ
Personne doit savoir que j’suis là… Sinon, c’est les flics, la tôle… La totale !
LUIS
Mais pourquoi t’es parti ! (José ne répond pas) Et Janvier qu’est au courant maintenant…
JOSÉ
Le type, là ? … C’est un nase...
LUIS
(Réprimant un sourire) Justement. S’il peut me faire une crasse, il ne va pas se gêner ! J’suis pas dans la soupe, là !
SCENE 10
SALLE DE MUSCULATION - INT-JOUR
LUIS-RICHARD-OLIVIER-JANVIER
LUIS retourne dans la salle de musculation. Au moment où il rentre, RICHARD et OLIVIER s’apprêtent à sortir.
OLIVIER
Ça y est, t’as fait le ménage… ?
LUIS
(Préoccupé) Ouais…
Ils sortent. LUIS va vers JANVIER qui continue sa musculation.
LUIS
Qu’est-ce que tu leur as raconté ?
JANVIER
Que j’en avais marre que tu laisses traîner tes chaussettes et tes slips sur mon lit.
LUIS
J’te crois, oui !
JANVIER
J’t’assure ! Tu me prends pour qui ?
LUIS
Si tu dis que mon frère est là, je t’éclate la tête !
JANVIER
J’ai mieux à te proposer…
LUIS
Vas-y, crache…
JANVIER
J’aimerais bien être remplaçant en équipe junior…
LUIS
Quoi ?
JANVIER
Ta place contre ton frère. C’est honnête ?
LUIS
T’es qu’un salaud !
JANVIER
Une petite blessure pendant le match. Même pas une blessure, une crampe, un rien. On te sort. J’te remplace. J’ébahis le recruteur. Ça sera pas difficile. Et le tour est joué !
LUIS
T’es vraiment une larve…
JANVIER
Je fais ça pour te rendre service, moi. Si tu veux pas, n’en parlons plus. Tu te feras virer, et ton frère rentrera entre deux gendarmes dans ta cité pourrie… C’est comme tu veux…
LUIS
(Se retenant) ...
JANVIER
...Alors ?
LUIS
(Après un temps) Faut que tu m’aides à le planquer.
JANVIER
(Triomphant) Bien sûr, bien sûr… Je peux pas refuser ça à un ami…
Sourire crispé de LUIS. Il sort.
SCENE 11
CHAMBRE LUIS - INT-JOUR
LUIS-JOSÉ
LUIS est revenu dans sa chambre.
LUIS
Bon. C’est arrangé. Janvier va la boucler.
JOSÉ
Super !
LUIS
Oui…
JOSÉ
Dis donc, j’ai faim.
LUIS
T’attendras…
JOSÉ
J’ai super envie de saucisses…
LUIS
Tu te crois au resto, là ? Bon. On va te planquer dans la buanderie. On te mettra dans un grand sac. On est de corvée de nettoyage cette semaine, ça tombe bien…
JOSÉ
Finalement, il est pas si nase que ça ton pote…
LUIS
Boucle-là, ça vaudra mieux.
SCENE 12
EXTERIEUR BATIMENTS LOGEMENTS - EXT-JOUR
LUIS-JANVIER-(JOSÉ)
LUIS et JANVIER portent vers la buanderie un grand sac dans lequel on devine qu’ils transportent JOSÉ.
JANVIER
(Peinant) Qu’est-ce que vous pouvez être lourds, les Lopez… !
LUIS
Tu sais ce qu’ils te disent les Lopez… ?
JOSÉ
(Dans le sac) Va te faire voir !
LUIS
(Satisfait) Voilà…
LUIS et JANVIER entrent dans la buanderie après avoir vérifié que personne ne les voyait.
Hélas, RICHARD et OLIVIER aperçoivent de loin leur manège (ou de leur fenêtre).
OLIVIER
J’veux bien qu’il lave pas souvent ses chaussettes, le père Luis, mais à ce point-là…
RICHARD
Qu’est-ce que c’est que ce délire… ?
SCENE 13
BUREAU DIRECTRICE - INT-JOUR
LUIS-LÉA
LÉA a convoqué LUIS à son bureau.
LÉA
J’ai malheureusement une mauvaise nouvelle à vous annoncer…
LUIS
C’est ma fête en ce moment.
LÉA
Votre frère a fait une fugue. Il a disparu depuis hier.
LUIS
C’est pas la première fois…
LÉA
Oui, mais cette fois c’est grave, il est surveillé par un éducateur…
LUIS
(Ironique) Surveillé !
LÉA
La police va le rechercher, et il risque de gros ennuis. Il faudrait que vous appeliez votre mère… (Elle montre le téléphone) Si vous voulez…
LUIS
Oh... J’l’appellerai de la cabine. J’préfère…
LÉA
Comme vous voulez. Je suis vraiment désolée pour vous… Ça tombe au mauvais moment…
LUIS
On choisit pas…
LÉA
Mais j’ai confiance en vous.
LUIS lève les yeux au ciel de désespoir.
LÉA
Je suis sûre que vous saurez prendre sur vous et que vous ferez un très bon match dimanche. Je veux être fière de vous.
LUIS
Ah ! Dites pas un truc pareil !
LÉA
Pourquoi ? Je vous l’ai dit, je vous aime bien. J’ai confiance en vous, vraiment…
LUIS
(N’en pouvant plus) Bon. (Il se lève) J’vais appeler la mère.
SCENE 14
CABINE TELEPHONIQUE - EXT-JOUR
LUIS-SA MERE
LUIS dans la cabine téléphonique du centre. Il téléphone à sa mère.
LUIS
J’te dis qu’il est pas ici !
MERE
L’éducateur pense qu’il va venir te rejoindre.
LUIS
Bah, j’espère que non ! De toute façon, s’il se pointe, je lui file une bonne raclée et je le renvoie au bercail. Tu dis ça à l’éducateur. OK ?
MERE
Pourquoi il a fait ça ? Qu’est-ce qui lui est passé par la tête ? C’était vraiment pas le moment… !
LUIS
Ça, tu l’as dit !
MERE
Tu nous préviens si jamais…
LUIS
Oui, oui. T’inquiète pas. Essaie de calmer l’éducateur…
MERE
Oui, mais là, j’ai peur qu’il fasse une bêtise…
LUIS
Mais non… Allez, faut que je te quitte. Je te rappelle. Tchao.
LUIS raccroche et pose son front sur le combiné.
SCENE 15
BUANDERIE - EXT-JOUR
LUIS-JOSÉ-RICHARD-OLIVIER
RICHARD et OLIVIER entrent dans la buanderie. Ils cherchent à percer le mystère du gros sac. Soudain, ils entendent du bruit dans le placard. Ils l’ouvrent.
JOSÉ
Luis ? … C’est Luis ? …
RICHARD et OLIVIER paraissent ravis de leur découverte. Ils retirent les sacs et les maillots inutilisés. JOSÉ apparaît.
OLIVIER
Qui t’es ?
JOSÉ
Ça te regarde ?
OLIVIER
(Á Richard) Il ne te fait pas penser à quelqu’un ?
RICHARD
Si. (Á José) T’es pas le frère de Luis ?
JOSÉ
...
Á ce moment, LUIS entre dans le buanderie. Surprise d’y trouver RICHARD et OLIVIER avec JOSÉ.
LUIS
D’accord… !
OLIVIER
Les visites familiales sont interdites en dehors des jours de...
LUIS
Ça t’amuse !
RICHARD
Qu’est-ce qu’il fait là ?
JOSÉ
J’me suis barré de chez moi.
LUIS
Si les flics le trouvent ici, c’est l’horreur...
OLIVIER
Qu’est-ce que tu vas faire ?
LUIS
J’en sais rien. Tout me tombe dessus en même temps… ! J’essaie de gagner du temps.
JOSÉ
(Á Richard et Olivier) Hé, les gars, j’ai super envie de saucisses…
RICHARD
Strasbourg ou Frankfort ?
JOSÉ
N’importe.
RICHARD
On va voir c’qu’on peut faire.
JOSÉ
Ah, cool !
LUIS
(Á José) Bon. J’ai eu la mère…
JOSÉ
T’as rien dit au moins !
LUIS
Mais non ! Je lui ai demandé de calmer l’éducateur.
JOSÉ
Ah, cool !
OLIVIER
Pourquoi t’en parles pas à Mme Saron ?
LUIS
Autant appeler les flics tout de suite !
JOSÉ
Ah non !
LUIS
Bon, allez, planque-toi.
JOSÉ
Oubliez pas les saucisses !
Les trois garçons remettent les sacs et les maillots.
LUIS
J’compte sur vous…
RICHARD
(Á Luis) Qu’est-ce que t’as fait pour que Janvier tienne sa langue ?
LUIS
(Éludant) Rien…
Visages incrédules de RICHARD et OLIVIER.
SCENE 16
SALLE D’ENTRAINEMENT - INT-JOUR
LUIS-LÉA-MARC [2]
Un autre jour. LUIS se promène du côté de la salle d’entraînement. Il entend de la musique. Une musique peu rythmée. Il s’approche de la salle et découvre LÉA accomplissant un exercice physique sur cette danse (à déterminer, gymnastique ou aérobic,...). Elle ne peut le voir. Mais lui contemple sa grâce, mise en valeur par sa tenue (body). Il reste ainsi sur le pas de la porte un instant. Puis il se dirige (toujours à l’abri du regard de LÉA) vers l’appareil qui diffuse la musique. Le magnétophone disposant de deux lecteurs de cassettes, il introduit une cassette qu’il a sur lui dans le second lecteur. Il attend la fin du premier morceau puis arrête le premier magnétophone et lance le second.
On entend alors une musique beaucoup plus rythmée (rock). LÉA est un instant surprise, mais, pensant que ce morceau a sans doute été enregistrée par erreur sur la cassette, il ne réagit pas et se met à danser sur cette nouvelle musique.
En tournant sur elle-même, elle aperçoit LUIS. Elle comprend ce qui s’est passé. Elle va vers lui et l’entraîne à danser. Ils dansent le rock ensemble.
Soudain, la musique s’arrête. LUIS et LÉA découvrent MARC. Ils s’arrêtent net.
MARC
(Á Luis, sec) Je crois que tu as oublié ton ballon sur le terrain...
LUIS
Mon ballon ?
MARC
Allez, file !
LUIS abandonne LÉA, qui n’a pas d’expression particulière (elle fait quelques mouvements d’étirement ou reprend son souffle). LUIS sort de la salle d’entraînement. MARC s’approche de LÉA.
MARC
Excusez-moi de vous dire ça, mais vous jouez avec le feu…
LÉA
Ohé c’est un gamin…
MARC
Gamin… ! C’est un homme et vous êtes une femme.
LÉA
Mais non… (Un temps) Ne me dites pas…
MARC
Vous n’avez rien remarqué…
LÉA
Vous croyez qu’il est amoureux de moi ? C’est ridicule.
MARC
Pour vous peut-être, mais pas pour lui… Il suffit de le regarder.
LÉA
Vous me surprenez, Marc.
MARC
Luis a un match important demain…
LÉA
Je sais… Je… (Mimique de contrariété)
SCENE 17
CHEMIN CABINE TELEPHONIQUE - EXT-JOUR
LUIS-LÉA
LUIS est au téléphone avec sa mère, dans la cabine. Il parle un instant puis raccroche et sort de la cabine. Il fait quelques pas et aperçoit LÉA. Dans un flash, il revoit le rêve du vestiaire.
LÉA
Votre frère est rentré ?
LUIS
Toujours pas.
LÉA
Vos parents doivent être très inquiets…
LUIS
Ils ont qu’à le surveiller.
LÉA
Il va peut-être venir ici…
LUIS
Ici ? Ça m’épaterait… À mon avis, il s’est tiré avec une nana...
LÉA
Á son âge ?
LUIS
Hé quoi ! Il a tout ce qu’il faut…
LÉA
Sûrement ! Mais il est si jeune…
LUIS
Y’a pas d’âge pour tomber amoureux…
LÉA
Non, bien sûr. Et vous connaissez son amie ?
LUIS
Oui. C’est une fille super. Plus vieille que lui, mais super quand même. (Soudain très sérieux, après un temps) Léa... Léa, je crois…
LÉA
(Douce) Chut ! Je sais… (Changeant de ton) Il faudrait dire à votre frère que c’est impossible…
LUIS
(Déçu) Pourquoi ?
LÉA
Parce que… Ça ne peut que créer des problèmes, pour lui, pour elle, aussi…
LUIS
De toute façon, des problèmes, y’en a tout le temps, partout. On peut pas faire un pas, plaf ! on marche sur un problème. Plein la semelle… Alors… celui-là ou un autre…
LÉA
On peut regarder où on met les pieds… Le match, demain, c’est ce qu’il y a de plus important pour vous.
LUIS
(Nostalgique) C’est sûr…
LÉA
Ce serait un joli cadeau à me faire…
LUIS
Un cadeau d’adieu…
LÉA
D’au revoir…
LUIS regarde profondément LÉA.
LUIS
Faut pas rêver, c’est ça… ?
LÉA
La gloire, c’est un beau rêve aussi.
LUIS
(Dur) Vous valez pas mieux que les autres…
LUIS s’éloigne en courant. LÉA tente de le retenir.
LÉA
Luis !
LUIS ne répond pas.
SCENE 18
BUANDERIE - INT-JOUR
JOSÉ-LUIS
LUIS ouvre le placard et retire les sacs et les maillots.
JOSÉ
Luis ?
JOSÉ apparaît. LUIS lui donne un sandwich.
JOSÉ
Y’avait pas de saucisses ?
LUIS
Tu crois qu’on nous sert de la choucroute tous les jours ? C’est un centre sportif, ici ! Bon. La mère a vu l’éducateur. Il t’avait laissé 24 heures, mais là, maintenant, il a prévenu les flics.
JOSÉ
Dur !
LUIS
Si quelqu’un te trouve ici, tu sais plus qui tu es. Compris ?
JOSÉ
Compris ! (Un temps) J’veux pas rentrer. J’veux rester ici avec toi. J’veux pas retourner là-bas… J’veux qu’on reste toujours ensemble. Toujours. Juré ?
JOSÉ met alors les bras en croix (X) devant lui. Son frère hésite puis fait le même geste.
JOSÉ
Toujours ensemble.
LUIS
Juré.
Ils fondent dans les bras l’un de l’autre.
LUIS
J’trouverai une solution.
SCENE 19
FOYER - EXT-JOUR
JANVIER-OLIVIER-RICHARD
RICHARD et OLIVIER autour d’un baby-foot. Jonglant avec son ballon, JANVIER arrive vers eux. Il paraît très gai…
JANVIER
(Chantonnant) « La victoire en chantant, nous ouvre la barrière… ». Ça boome ?
OLIVIER
(En jouant) Pour boomer, ça boome. Et toi, ça a l’air d’aller ?
JANVIER
(Jonglant avec son ballon) Super.
RICHARD
C’est la venue du recruteur qui te met dans un état pareil ?
JANVIER
(Détaché, continuant de jouer) Exact.
RICHARD
Sauf qu’il vient pas pour toi…
JANVIER
Encore exact. Mais je sens que la chance est de mon côté…
OLIVIER
A moins que Luis se blesse, je vois pas…
JANVIER
(S’éloignant, en chantonnant) « La victoire, en chantant, nous ouvre la barrière ».
RICHARD et OLIVIER se regardent. Ils ont la même intuition.
SCENE 20
BUANDERIE - INT-JOUR
JOSÉ-RICHARD-OLIVIER
RICHARD et OLIVIER ouvrent le placard et sortent JOSÉ un peu brutalement.
JOSÉ
Qu’est-ce qui se passe ? C’est la guerre ?!
OLIVIER
Tu sais ce que Luis a promis à Janvier pour qu’il se taise ?
JOSÉ
J’en sais rien ! Il a rien promis !
RICHARD
Nous, on va te le dire… Il a promis de se blesser pendant le match. Janvier le remplacera, et c’est lui qui prendra sa place dans l’équipe de France junior.
OLIVIER
Tu sais ce que ça veux dire, remplaçant en équipe de France junior… ?
JOSÉ
J’en ai rien à cirer, moi…
RICHARD
Tu comprends pas que c’est une super chance pour Luis.
OLIVIER
Il est en train de sacrifier sa carrière pour toi… Pour ton caprice de môme…
JOSÉ
…
OLIVIER
Tu choisis. Ou tu restes planqué ici, ou tu lui rends sa liberté. Compris ?
RICHARD
(Á Olivier) Bon. On y va. On va être en retardé (Á José) T’as compris ?
JOSÉ
Ouais, ouais…
RICHARD et OLIVIER jettent des maillots sur JOSÉ puis quittent la buanderie.
SCENE 21
TERRAIN FOOT - EXT-JOUR
LES ELEVES-MARC-LÉA-LE RECRUTEUR-JOSÉ
Le match du dimanche a commencé. Dans les tribunes, MARC et LÉA encadrent LE RECRUTEUR. Action d’éclat de LUIS. LÉA, rassurée, échange un sourire avec MARC. MARC se penche vers LE RECRUTEUR pour avoir son avis. Celui-ci montre qu’il apprécie le jeu de LUIS. INSERT de José, dans son placard, s’interrogeant.
Autre phase du match, autre action d’éclat de LUIS. Sur la touche, JANVIER regarde le match avec un sourire de béatitude. Il fait déjà quelques mouvements d’échauffement. LUIS le voit. Échange de regards et de paroles muettes (« Alors ? ». « Deux secondes ! »).
JOSÉ apparaît au bord des tribunes, se cachant sans se cacher. RICHARD et OLIVIER l’aperçoivent. Échange de regard entre les deux garçons (« Qu’est-ce qu’il va faire ? »).
Nouvelle phase de match où LUIS se montre brillanté Même jeu de satisfaction du côté de MARC, LÉA et du RECRUTEUR. PLAN SUR JOSÉ puis flash back scène 18 (« J’veux qu’on reste toujours ensemble. Juré ? » - Juré". Geste des bras en croix). Sur la touche, JANVIER s’échauffe et s’impatiente. Il fait un signe à LUIS. LUIS répond qu’il a compris.
JOSÉ est maintenant assis dans les tribunes, un peu à l’écart du gros des spectateurs. Il regarde le match et semble apprécier le jeu de son frère. LUIS, pour retirer le ballon à un joueur se jette dans ses jambes. L’autre l’évite mais LUIS fait semblant de mal tomber et se tord de douleur sur le sol. Emotion. Inquiétude du côté de MARC et LÉA.
JANVIER retire son survêtement. JOSÉ réalise la situation. RICHARD et OLIVIER se précipitent vers LUIS à terre. Tapes amicales. Ils regardent en direction des tribunes. Échange de regards avec JOSÉ. Ils incitent LUIS à regarder vers les tribunes. LUIS voit alors frère mettre les bras en croix puis les écarter brutalement. Il ne réalise que petit à petit. Il regarde vers RICHARD et OLIVIER, qui sourient.
Le soigneur arrive mais LUIS le repousse. Il se relève d’un coup et court sur le terrain. Applaudissements. JANVIER s’effondre sur le banc. LÉA sourit et glisse un mot à l’oreille du RECRUTEUR qui acquiesce, satisfait. RICHARD et OLIVIER se frappent mutuellement la main en signe de réussite. JOSÉ se gratte la tête, inquiet de la suite des événements…
SCENE 22
BUREAU DIRECTRICE - INT-JOUR
LUIS-LÉA-MARC-JOSÉ
LÉA est à son bureau, au téléphone. En face d’elle sont assis LUIS, son frère JOSÉ et MARC.
LÉA
(Au téléphone) Bien (...) Entendu (...) J’y veillerai (...) S’il y a le moindre problème, je vous appelle (...) Au revoir, monsieur. (Elle raccroche. Á Luis) Bien. L’éducateur de votre frère est d’accord. Il pourra rester ici pendant deux mois. Il aidera à l’entretien du parc.
Les deux frères échangent juste un regard. MARC et LÉA font de même.
LÉA
Surtout ne me remerciez pas…
LUIS et JOSÉ
(En chœur) Non, non…
MARC
Ils font la paire, ces deux-là !
LÉA
Bon. (Á José) Marc va vous conduire chez le responsable de l’entretien. Il pourra vous héberger dans l’atelier. Je vous remercie.
LUIS, JOSÉ et MARC se lèvent. Moment de flottement.
LUIS
(Á Léa) C’est tout !
LÉA
Que voulez-vous de plus… !
LUIS
Bah… Le recruteur…
LÉA
Quel recruteur ? (Á Marc) Vous avez vu un recruteur, vous ?
MARC
Non…
LUIS
Hé ! Qu’est-ce que vous me faites, là !
LÉA
Bon. Assez joué. Il vous prend !
JOSÉ et LUIS tombent dans les bras l’un de l’autre sous le regard attendri de MARC et LÉA.