Accueil > Sketchs > L’Otage

Sketchs

L’Otage

Vous me reconnaissez ? ... Je suis passé à la télé... L’otage du hold-up du Crédit de Lyon, c’est moi ! Ouais ! Quelle histoire ! Je ne suis pas près de l’oublier.

Ça s’est passé un mardi ; j’m’en souviens parce que Le mardi, c’est le jour où je vais déposer la recette du café, Quelle publicité, ça nous a fait ! Depuis deux mois, on désemplit pas. Avant les clients, ils venaient pour les cigarettes ou pour 1e PMU ; maintenant, ils viennent pour voir l’otage. Je suis comme qui dirait une vedette maintenant. J’ai même eu ma photo dans les journaux, Remarquez, j’me plais pas tellement sur le photo, mais on me reconnaît quand même. Paulette, elle m’a dit (Paulette, c’est la serveuse), elle m’e dit que j’aurais dû aller eu coiffeur avant ! Quelle est bête ! J’pouvais pas prévoir. Bien sûr que si j’avais su, j’y aurais été, pardi. Je peux. tout de même pas aller au coiffeur chaque fois que je vais déposer ma recette !

Oh ! Quelle histoire. Marcel, le patron du bistrot d’en face, il est malade ! Pensez, tous ses clients viennent chez nous maintenant. Même qu’il a engueulé sa Femme : « Ouais, t’es jamais là quand il faut ! » qu’il lui a dit. Forcément, ça se comprend, à dix minutes près, c’était sa femme qui était prise en otage. C’est ça le Destin, que je me dis. N’empêche que Marcel, il est furax.

Remarquez, maintenant, j’en rigole, mais sur le coup, c’était pas marrant, Surtout eu début, Avec tout ce qu’ils disent dans les journaux ! Moi j’arrivais tranquillement avec ma recette sous le bras. J’ai eu à peine le temps de déposer ma recette sur le comptoir et crac ! Deux hommes masqués ont fait irruption dans la banque, comme ils ont dit à la télé. Y’avait un grand type costaud, et puis un autre, plus petit, bien habillé et tout. « Haut-les-mains ! » qu’ils nous ont dit. Et « Filez-nous le fric en vitesse". Les employés, ils n’ont pas opposé la moindre résistance, hein. Ça fait déjà deux fois qu’on leur fait le coup. Ils ont 1’habitude maintenant, Les autres fois, ça a duré pas plus de cinq minutes. Ge coup-ci, ça a duré quatre Jours. Faut dire qu’ils avaient des exigences. Ils voulaient un milliard, un milliard ancien, hein, mais tout de même, ça fait une sacrée somme.

Le premier soir, ils ont relâché tous les otages, sauf moi. Quatre jours, qu’elle a duré l’attente anxieuse. Remarquez, pour moi, c’était pas tellement l’angoisse. Non, forcément, on a fini pas sympathiser, c’est humain. Quatre jours enfermés dans une banque, ça crée des liens. Et puis le grand costaud, il me plaisait bien. Il avait des yeux noisettes, comme je les aime. Oh ! Et puis sa voix ! Quel1e voix ! Quand il m’a dit : « Me jolie, t’as pas intérêt à jouer les héroïnes, sinon j’te troue la poitrine », j’ai été toute troublée,

Au bout de quatre jours vraiment formidables, on est parti tous les trois en voiture, avec le milliard. Je pensais qu’ils me garderaient avec eux, mais ils m’ont relâchée, rapport à l’opinion publique.

On s’est quitté gentiment, hein ; on s’est même dit au revoir :

Quelle histoire ! Je m’en souviendrai longtemps. J’espère qu’on va les retrouver. C’est pas que je sois « police-police », m’enfin, tout de même, je voudrais bien que mon gosse, il sache qui c’est son père !





© Christian Julia. 2021-2021.
Toute reproduction sans l'autorisation de l'auteur est interdite.

Envie d'en savoir plus sur ces textes ?

Les circonstances de l'écriture des textes sont décrites dans la rubrique Écriture du site général www.christianjulia.fr.

Retour en haut